Novembre 2014
Floréal n°98 - Septembre 2014
Topographie, pente, exposition, humus, épaisseur de sol, texture du sol, toutes ces notions vous parlent-elles ? Avant d’envisager une plantation ou d’entamer une régénération naturelle, le diagnostic de la station forestière est un passage obligé ! Ce thème a fait l’objet d’une journée de formation inscrite au programme ̋Rencontrons-Nous ̋, le 6 juin dernier sur les contreforts du massif vosgien du côté de Cirey-sur-Vezouze, dans la propriété de Gérard Marchal.
Depuis de nombreuses années déjà, le CRPF a développé des outils pour accompagner les propriétaires et leurs gestionnaires dans leurs projets de (re)boisement (cf. FLOREAL n° 96). Il s’agit des guides pour la connaissance des milieux naturels et le choix des essences. Adapter son essence à la station forestière est une évidence qui, au regard des évolutions annoncées du climat, prend encore plus de sens.
Plutôt que de se référer à une définition un peu compliquée, il faut retenir qu’une station forestière résulte des grands facteurs qui influencent la croissance et le développement des arbres dans un endroit donné : le sol, le climat, la position topographique, dont notamment l’exposition.
Non, bien entendu. La plasticité des arbres permet à ces derniers de s’adapter à une large gamme de stations forestières. Ainsi, même si le chêne pédonculé peut se contenter de stations assez pauvres et sèches, il se développera également dans des situations plus humides. Toutefois, il est évident que son optimum de croissance sera concentré sur des stations à sol profond et bien alimenté en eau. Les guides pour le choix des essences ont ainsi toujours ciblé la production d’arbres de qualité.
A l’inverse du monde agricole, la durée de vie ̋économique ̋ d’un arbre, de la plantation à la récolte, s’étale de 20 à 120 ans en fonction des essences. Renouveler sa forêt par plan- tation, ou en s’aidant de la régénération naturelle, est donc un acte réfléchi qui doit s’assortir de précautions.
La hauteur des arbres, leur diamètre, leur âge s’il est connu, la qualité de la grume, l’état sanitaire du houppier, la régénération naturelle présente,... tous ces indices peuvent orienter le choix de l’essence qui sera favorisée pour le renouvellement du peuplement existant.
Les situations de plateau, de versant sud ou nord, les bas ou hauts de versants, un thalweg bien encaissé sont autant d’éléments qui contraignent, ou au contraire permettent, l’expression de bonnes potentialités de croissance.
Compartiment invisible, le sol mérite toutes les attentions. Pratiquer quelques sondages à la tarière pédologique (ou au minimum l’observation d’un bord de fossé, ou de la terre d’un chablis,...) pour apprécier la profondeur prospectable par les racines, la texture (sable, limon ou argile), la présence de facteurs limitants comme l’excès d’eau, permettra de choisir les arbres que l’on veut finalement favoriser pour bâtir la forêt de demain.
Il est fréquent que des plantes herbacées et arbustives soient caractéristiques d’un type de milieu. La mercuriale, le gaillet odorant, ou le geranium herbe-à-Robert sont plutôt inféodés à des milieux riches et basiques (ou neutres), alors que la myrtille, la callune ou la fougère aigle, le sont à des milieux acides. Leur présence est souvent révélatrice d’un gradient de richesse, ou d’humidité. Ces plantes sont donc rassemblées par affinité de milieux, et constituent des ̋groupes écologiques ̋.
La trentaine de propriétaires ayant participé à cette journée a pu se familiariser avec ces notions pour les intégrer dans un exercice pratique. Une brève présentation du passé de la forêt par notre hôte nous apprend que tout le massif actuellement boisé était constitué en majorité par des terres arables, il y a une centaine d’années ! Malgré la ̋jeunesse ̋ de cet état boisé, la forêt qui se dessine au premier arrêt, a tout d’une forêt ancienne ! Dominés par le hêtre, les bois sont d’assez gros diamètre. La phase de récolte a commencé et le propriétaire s’interroge sur la suite, sans passer par une décapitalisation brutale de la forêt.
Le deuxième arrêt permet d’observer sur le même type de station, 2 peuplements différents : une pessière d’une quarantaine d’années et une plantation d’érable sycomore enrichie par un recrû naturel de bouleau et d’aulne glutineux.
Les différents critères présentés précé- demment ont donc été décrits sur ces 2 placettes et la station forestière identifiée, grâce à l’utilisation du guide pour le choix des essences des collines sous-vosgiennes ouest (document téléchargeable sur le site internet du CRPF).
Cette identification a permis de valider la stratégie de renouvellement de la hêtraie entrepris par le propriétaire avec l’aide du guide. A côté de la régénération naturelle, un enrichissement en différentes essences (feuillues et résineuses) sera envisageable.
Cette rencontre a également été l’occasion de rappeler un certains nombre de conseils : l’importance des cloisonnements pour une exploitation respectueuse des sols, se méfier des faux amis comme le sapin qui régénère naturellement très bien sous la chênaie, idem pour le frêne sur plateau lorrain (accentué par le dépérissement actuel lié au Chalara fraxinea).
En conclusion, le diagnostic de la station forestière reste l’élément-clef dans les réflexions autour de l’adaptation de nos forêts aux évolutions climatiques, annoncées par les scientifiques. Bien choisir son essence (et sa provenance), favoriser le mélange, soigner la plantation et faire appel à des professionnels, sont autant d’actions qui permettront d’atténuer les effets du climat sur la forêt, tout en préservant la fonction de production des arbres.
Stéphane Asaël, Michèle Flambard et Jean-François Freund - CRPF
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