Novembre 2020
Les forêts sont déjà très durement touchées par le changement climatique. Pourtant, elles ont un rôle déterminant à jouer pour la durabilité de notre société. Afin de répondre à ces défis, il convient de financer l’amélioration, la diversification et le renouvellement des peuplements forestiers afin de favoriser leur adaptation au changement climatique notamment par une meilleure résilience des écosystèmes forestiers. Il convient également de faciliter les investissements dans la production sylvicole et la première et seconde transformation du bois notamment pour favoriser le déploiement des constructions en bois, dans le respect d’une gestion durable et multifonctionnelle de la forêt.
Problématique
La filière forêt-bois française permet de compenser environ 20% des émissions françaises de C02 grâce au stockage de bois en forêt, dans les produits bois et la substitution d’énergies fossiles et de matériaux plus énergivores. Elle joue ainsi un rôle majeur en matière d’atténuation du changement climatique et présente le potentiel pour en jouer un plus grand comme l’indique la stratégie nationale bas carbone (SNBC). La forêt et la filière bois apportent de nombreux autres services, économiques (approvisionnement en bois d’entreprises de transformation et de production d’énergie), environnementaux (hébergement d’une biodiversité riche, préservation de la qualité de l’eau, paysage) et sociétaux (accueil du public, prévention contre les risques naturels, services récréatifs, emplois).
Pour autant, ce rôle repose sur la résilience des forêts, et notamment à leur capacité à s’adapter à ce changement climatique dans un contexte où elles sont déjà affectées par des dépérissements et doivent être régénérées (scolytes, assèchement…). Les simulations d’évolutions climatiques laissent apparaitre une réduction très significative des aires de compatibilité climatique des grandes essences de la forêt française et leurs capacités d’adaptation ne suffiront pas à leur maintien. Une stratégie s’appuyant sur la gestion forestière conduite sur des surfaces bien plus importantes qu’aujourd’hui et adaptée selon les territoires, est nécessaire. Amplifier le rôle de puits de carbone de la forêt et le développement des produits bois suppose d’investir dans la filière.
L’objectif de cette mesure est ainsi d’accompagner l’adaptation de la filière forêt-bois française, pour continuer à fournir du bois à la société, pérenniser les services qu’elle rend et amplifier leur contribution à l’atténuation du changement climatique, tout en s’inscrivant dans le cadre d’une gestion durable et multifonctionnelle de la forêt.
Description technique de la mesure
Cette mesure vise à aider les propriétaires forestiers, publics et privés, à renouveler et à diversifier leurs forêts et ainsi garantir la résilience des écosystèmes forestiers dans le contexte du changement climatique. Une stratégie combinant diversification des essences et plantation des essences plus résilientes au climat futur sur des surfaces bien plus importantes qu’aujourd’hui est nécessaire.
Ceci permettra d’adapter les forêts au changement climatique ; d’orienter la sylviculture au service du développement du bois d’œuvre, ayant une durée de vie hors forêt plus longue que dans les autres usages, permettant ainsi un prolongement de la séquestration du carbone dans les produits bois plus importante ainsi qu’une meilleure valorisation économique. Dans le cadre de cette mesure, une action ciblée sur la reconstitution des forêts de l’Est de la France gravement affectées sous l’action des scolytes sera menée.
Cette mesure soutiendra également la production des graines et plants pour qu’elle soit en capacité d’approvisionner les chantiers de plantation. Elle permettra également de continuer à investir dans la modernisation de la première et seconde transformation du bois et dans le développement des constructions en bois. Une partie de ces fonds sera également consacrée à la recherche et au transfert, en particulier pour mieux préparer la forêt au changement climatique, anticiper son évolution, et maintenir ses services.
Exemples de projets
- Reboiser une parcelle forestière, convertir des taillis ou taillis-sous-futaie pauvres en futaie régulière ou irrégulière afin de pouvoir produire à terme du bois d’œuvre pour différents usages dans la construction bois, tout en amplifiant la séquestration du carbone par la forêt ; régénérer des parcelles forestières en impasse sylvicole ou ruinée ; enrichir[CZ1] par plantations des peuplements forestiers.
- Reconstituer durablement des forêts qui ont dépéri en régions Grand Est et Bourgogne Franche- Comté.
- Aider la filière à s’adapter au changement climatique via le développement des vergers nécessaires à la production d’essences forestières d’avenir face au changement climatique, et l’accompagnement des investissements dans les entreprises de l’amont forestier (pépiniéristes forestiers, reboiseurs) et des travaux de migration assistée d’essences forestières aujourd’hui présentes dans les régions méridionales vers les régions plus au Nord.
- Accompagner les investissements de développement et de modernisation des entreprises de transformation du bois : séchage/étuvage/collage/rabotage, numérisation, valorisation des connexes de scierie, augmentation des capacités de production, chimie du bois, etc.
- Connaissance et description plus fine et complète des peuplements forestiers, à l’échelle de la parcelle, grâce à l’acquisition d’une couverture de données LIDAR à haute densité sur les zones à enjeux forestiers, et qui apportera également une réponse aux besoins de l’agriculture, notamment dans les départements du sud de la France concernés, dans le cadre de la PAC, par des surfaces dites pastorales.
- Engager des plantations d’enrichissement ou par point d’appui en futaie irrégulière. Travaux d’urgence au tire de la restauration des terrains de montagne (programme de régénération de forêts mono spécifiques des pins noirs d’Autriche).
Impacts
Cette mesure, en dynamisant la filière forêt-bois, permettra de préserver les différents services rendus par la forêt, économiques, environnementaux, climatiques et sociétaux.
Elle permettra l’adaptation des massifs forestiers face au défi du changement climatique. Les nouveaux peuplements forestiers permettront même d’augmenter la séquestration carbone et d’atténuer le changement climatique. L’objectif de cette mesure porte sur 45 000 ha de forêt, améliorées, adaptées, régénérées ou reconstituées, avec environ 50 millions d’arbres.
Des emplois en milieu rural (entreprises de travaux forestiers, coopératives forestières, experts forestiers, transporteurs de bois, pépinières forestières, scieries, énergie, bois construction…) seront pérennisés. La confirmation du rôle de la forêt et du bois dans le défi du changement climatique devrait permettre d’augmenter l’attractivité des métiers de la forêt.
Cette mesure aura également des impacts positifs sur le climat (atténuation, amélioration du puits forestier à moyen-long terme),l’amélioration de la résilience des peuplements et des écosystèmes forestiers au changement climatique, avec une préservation accrue de la biodiversité, l’adaptation aux risques induits (incendie, risque en montagne, érosion), et l’amélioration de la qualité des services sociaux rendus par la forêt et les haies (recréation, paysage…) les forêts de l’Est de la France qui ont dépéri suite aux attaques de scolytes seront reconstituées.
Indicateurs
- Nombre d’hectares de forêt soutenus reboisés, régénérés, convertis en futaie régulière ou irrégulière. Nombre d’arbres plantés.
- Tonnes de C02 économisées
- Investissements productifs soutenus dans les entreprises de la première et seconde transformation du bois et auprès des acteurs économiques du secteur de la construction.
- Nombre d’emplois directs et indirects induits par les travaux forestiers.
- Co-financements mobilisés.
Territoires bénéficiant de la mesure
Cette mesure concerne les territoires ruraux ayant une couverture forestière, les différents propriétaires forestiers, publics et privés, qui s’y trouvent et les entreprises de travaux forestiers qui y sont implantées. La partie reconstitution des forêts impactées par les scolytes concerne essentiellement les territoires du quart Nord Est de la France.
Coût du financement de la mesure
200M€ seront consacrés à cette mesure sur 2021-2022
Calendrier de mise en œuvre
2ème semestre 2020 : élaboration des cahiers des charges des appels à projets, s’appuyant notamment sur les orientations de la feuille de route pour l’adaptation des forêts au changement qui va être remise d’ici septembre par les acteurs de la forêt et du bois, et définition de la procédure d’instruction et d’attribution des aides.
Lancement du 1er appel à projet début 2021 et du second au plus tard début 2022.
Appels à projets sur les années 2021-2022 à destination des propriétaires forestiers sur la base d’un cahier des charges élaboré d’ici fin 2020.
Sur le volet destiné aux entreprises de première et seconde transformation, ainsi qu’aux acteurs économiques du secteur de la construction (maîtrise d’œuvre, constructeurs…), l’articulation avec BPI France et les outils existants de soutien aux entreprises sera privilégié.
Source : FRANSYLVA
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