Juillet 2017
L’augmentation de la mobilisation des bois est l’un des objectifs principaux de la politique forestière, mais cet objectif laisse sceptique bon nombre de professionnels de la filière. Voici l’exemple de la commune de Breux et de sa voisine Thonne-la-Long en Meuse, avec un territoire très parcellisé et des peuplements de hêtre dans lesquels, pour l’essentiel, aucune coupe n’était effectuée. À la suite d’une animation menée dans le cadre du plan pluriannuel de développement forestier (PPRDF) de Lorraine, la mobilisation des propriétaires et de leurs bois est effective. À souligner, l’implication des municipalités.
Breux et Thonne-la-long, au nord de la Meuse, accolées à la Belgique et à la petite région voisine de Gaume : sur ces sols profonds limono-sableux prospèrent en particulier hêtre, merisier, résineux. Les champs de pommes de terre du XIXème siècle ont été peu à peu boisés avec une technique éprouvée : des faînes étaient semées sous le couvert de bouleaux introduits quelques années auparavant. Les anciens ont progressivement enlevé les bouleaux pour le bois de chauffage, pour faire place à une hêtraie. La commune de Breux compte ainsi 254 ha en presque 1 000 parcelles de futaie, en majorité de hêtre blanc. Malgré leur qualité, les peuplements étaient laissés à eux-mêmes depuis 20 ans, morcellement, manque d’accessibilité obligent !
Un préalable, la desserte : dès 2009, les municipalités, avec l’aide du CRPF, ont suscité un projet de desserte (routes et pistes) de 2 700 m, desservant l’ensemble des forêts du ban, privées et communales. Dans la foulée, les premières opérations d’agrandissement des parcelles, par achat et échange, ont été menées, grâce aux incitations du Conseil général de la Meuse.
Depuis 2012, une animation significative est menée par le CRPF sur les thèmes imbriqués " agrandissement des parcelles/mobilisation des bois ". Les propriétaires ont ainsi adhéré à la COFOM (Coopérative forestière de la Meuse), permettant d’approvisionner par contrat des scieries de proximité, en particulier la Scierie Watrin, située à 30 km. Dans ce dispositif, les propriétaires, peu habitués à la vente de bois, n’ont pas fait d’avance de trésorerie et ont été sécurisés.
Résultats : 62 ha mutés créant des unités de gestion exploitables, 7 600 m3 récoltés, tous produits confondus.
La suite sera en grande partie assurée par un plan de gestion en commun en préparation, portant sur 90 ha, certes très éclatés.
À quels coûts, demanderont les sceptiques ? Il s’agit de (re)mettre en gestion des parcelles forestières et il s’agit d’abord d’un investissement. Sur le court terme, 1 € d’animation a généré 5 € dans le territoire pour les propriétaires, les bûcherons ou les notaires !
L’ensemble des travaux de ce type menés en Lorraine (dans le cadre du plan pluriannuel régional de développement forestier) entre 2013 et 2016 par le CRPF et la Chambre régionale d’agriculture, avec près de 1 000 visites-conseil/an, a permis la récolte de 307 000 m3 en liaison avec un opérateur économique, le plus souvent coopérative et experts. Ces travaux sont entrés dans des bases de données pour en garder la mémoire et assurer, si besoin en était, leur pérennité.
Philippe LADEN – CRPF
Le Plan Pluriannuel Régional de Développement Forestier d’Alsace se termine en fin d’année, avec un bilan significatif. De 2012 à 2016, ce sont près de 95 000 m3 de bois qui ont été mobilisés dans des chantiers concertés de petites parcelles privées. Près de 15 Plans d’Actions Sylvicoles ont été validés et mis en œuvre progressivement coordonnant coupes et travaux pour 1 960 ha et 1 940 propriétaires. Plus de 100 km de pistes et chemins à grumier ont été aménagés pour 2 790 ha maintenant desservis et 1 870 propriétaires, communes comprises. Malheureusement, le redéploiement des crédits affectés au développement en Alsace, dans le cadre de la nouvelle grande région, n’a pas permis à ce jour de maintenir la totalité des effectifs. 4 techniciens ont été redéployés. Le programme d’amélioration du foncier forestier a également pris fin. Le groupement "Forestiers d’Alsace " est inquiet de cette évolution.
Thierry BOUCHHEID
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