Mars 2018
Bruno Frémont a la soixantaine plus qu’active ! Urgentiste au SAMU 55, seul médecin légiste du département, il a récemment fait la "une" de l’actu en identifiant pour la 1ère fois, génétiquement, un "poilu" de 14-18. Malgré les gardes avec nuits blanches et un planning chargé, il trouve néanmoins le temps de s’occuper de ses chevaux et de ses forêts. 2 passions nécessaires qui lui procurent un équilibre indispensable à cette profession physiquement et psychologiquement difficile. Avec détermination, il a repris la gestion des forêts familiales. Membre fondateur des Jeunes Sylviculteurs de l’Est en 1982, il vient d’en quitter la présidence qu’il occupait depuis 1996. Il est un actif vice-président de Forestiers Privés 55 et de Gedefor, et a été élu conseiller du CRPF, en 2017.
On sent que vous ressentez pour vos forêts un attachement viscéral ?
Oui, effectivement, tout petit j’allais déjà en forêt avec mon père. Lui aussi était médecin et légiste, et les arbres lui faisaient oublier sa vie éreintante et les horreurs de la médecine légale. Je suis d’une famille terrienne qui depuis 4 générations a reboisé des terres et acheté des parcelles voisines. Après cette enfance en forêt, j’ai fait comme mon père. Et, j’étais tellement passionné que j’ai même arrêté 2 fois mes études : avec ma tronçonneuse et mon vieux "Vierzon", je suis devenu bûcheron ! J’ai un don presque inné pour comprendre la forêt. Je sens les sols, je sais comment les arbres vont pousser, ce que sera la forêt demain. Et le fait d’y passer du temps, d’y mener des expériences, de suivre des formations (au début avec la FVFE), m’a beaucoup enrichi. Lors de la tempête de 99, c’est avec mon cheval Filou que j’ai débardé mes chablis : il est plus aisé d’appréhender les difficultés d’exploitation quand on connaît le métier, non ?
La forêt comme source d’équilibre ?
Ma profession ne cesse de me rappeler que la vie peut s’arrêter à tout moment, dramatiquement, brutalement. La forêt, elle, ne meurt jamais et c’est d’ailleurs là que j’ai mis les cendres de mon père. Dès que j’ai une heure devant moi je "monte" au bois, je dégage, nettoie, me bats contre les ronces et les lianes, c’est aussi une forme de thérapie.
Avec ce 1er mandat au CRPF, vous succédez à votre père, le Dr Jean Frémont qui y a siégé de 1993 à 2005 : quelles sont vos motivations et vos combats ?
Je souhaite défendre notre profession, particulièrement les petits propriétaires "méritants" qui oeuvrent avec passion et respect pour valoriser leurs parcelles. Il faut comprendre l’intérêt de se regrouper pour mieux se défendre ! Je me bats pour que le sylviculteur soit respecté, entre autres, face à la toute puissance du monde de la chasse. En Meuse, les ACCA sont exorbitantes : en dessous de 60 ha, le propriétaire est spolié de son droit de chasse. C’est injuste par comparaison aux autres départements. J’ai d’ailleurs, après un long combat, gagné devant le Conseil d’État -avec l’appui de Fransylva 55- dans un procès visant à reconnaître la continuité d’un territoire et faire ainsi valoir l’opposition à l’action de l’ACCA qui voulait s’approprier le droit de chasse. L’indemnité de l’État se fait attendre, mais je ne l’ai pas fait pour ça, ce qui compte, c’est la victoire morale ! Et, je souhaite que mon expérience puisse servir...
Marie-Françoise Grillot - CRPF
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