Mai 2015
Tel est le titre de la dernière publication de l’interprofession alsacienne FIBOIS, sortie à la veille du renouvellement des baux de chasse en Alsace-Moselle. Cette plaquette(*) est destinée aux gestionnaires forestiers, aux maires qui signent les baux de chasse au nom et pour le compte des propriétaires en Alsace-Moselle, aux chasseurs et, plus particulièrement, à tous ceux qui se soucient de la pérennité d’une forêt productive, tout en préservant sa biodiversité et sa richesse. Cette plaquette informative répond également à de nombreuses questions : Quel est l’impact d’un excès de gibier ? Quels surcoûts et pertes sont engendrés en cas de surdensité ? Quel impact sur la biodiversité ?
Les dégâts sont connus de la plupart d’entre nous : abroutissements, frottis, surtout du chevreuil, et des écorçages dus aux cerfs. Mais en plus, il existe un impact plus difficile à observer qui est la disparition d’une essence au stade très jeune de la plantule de un an (cas du sapin pectiné en montagne), ou même dès la tombée du fruit, comme le gland pour le chêne en plaine.
Seule l’installation d’un enclos permet de visualiser le phénomène au bout de 3 à 5 ans. Une ou plusieurs espèces peuvent apparaître dans l’enclos et être totalement absentes à l’extérieur ; il s’agit d’une inversion de la flore forestière. En cas de présence de l’essence, mais de dégâts répétés, on constate dans le meilleur des cas, un retard de croissance, voire un blocage complet si les dégâts touchent toutes les tiges concernées.
Pour éviter ce phénomène, "il n’y a qu’à protéger" me direz-vous. Là, le constat est sans appel.
A grande échelle, les revenus de la chasse, quand vous en avez, ne couvrent pas les surcoûts de ce type de dispositifs. Pour un revenu de chasse moyen de 30 à 40 €uros/ha/an, la perte annuelle sur le revenu forestier due à la mise en place et au suivi d’une protection individuelle pour le chêne s’élève à 42 €uros/ha/an. Pour une clôture dans une sapinière, on atteint 70 €uros/ha/an, soit un déficit de 30 à 40 €uros/ha/an.
Pour l’écorçage dans l’épicéa touchant plus de 75 % des arbres, la perte en valeur sur l’ensemble du cycle de production peut être estimée à 40-50 %, et il faudrait un revenu de chasse de 100 €uros/ha/an sur toute la période de production (60 à 80 ans), pour compenser cette perte.
Elle est déjà effective depuis 30 ans. Citons l’exemple du massif du Donon où le sapin régnait en roi. Aujourd’hui, après la tempête, sur 100 ha sinistrés, moins de 2 % seront des sapinières…
Une étude de l’IRSTEA (anciennement CEMAGREF), montre que la végétation ligneuse et semi-ligneuse a, soit tendance à disparaître dans les zones non protégées (la ronce, le sorbier des oiseleurs par exemple), soit est rabattue systématiquement au-delà de 20 cm de hauteur dans le cas de la myrtille et de la callune, alors que cette végétation haute est un lieu de nidification du grand tétras… Les espèces "gagnantes" et qui profitent de ce surabroutissement sont naturellement les graminées et certaines mousses. C’est ce que l’on appelle "un pâturage sous forêt".
Aujourd’hui, l’Etat et même les instances représentatives des chasseurs, commencent à mesurer l’ampleur du phénomène. En Alsace-Moselle, si l’on peut se permettre cette métaphore non belliqueuse, "la balle est également dans le camp des communes" qui représentent les petits propriétaires.
En effet, l’Etat au travers des cahiers des charges (= les clauses générales encadrant la location), leur a donné plus de pouvoirs pour contraindre et contrôler les chasseurs. Dans les cas les plus difficiles, il y a lieu de convaincre par la démonstration sur le terrain. Ceci passe par l’installation de petits enclos qui illustrent souvent à merveille le fait que la forêt ne fonctionne plus correctement.
C’est le prix à payer d’abord pour prouver les dysfonctionnements dont les propriétaires et leurs forêts sont victimes et ensuite pour se faire mieux entendre, et pouvoir convaincre les incrédules…
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