D’ou viennent les sapins de noël ?

Préparer Noel, une activité prenante tout au long de l’année

Notre cultivateur raconte que si le sapin de Noël grandit habituellement sur les terres agricoles, les siens sont plantés sur des terres plus escarpées qui sinon ne pourraient pas être utilisées mais qui ne facilitent pas toujours l’exploitation. Ainsi, il a fait le choix de se spécialiser dans les sapins de grande taille qui ont en moyenne entre 15 et 20 ans. En effet, il ne serait pas compétitif sur les plus petits, il n'a pas le débit nécessaire pour organiser en la matière une production rentable mais en l'occurrence ses arbres quand ils dépassent 2,5 mètres, ont déjà plus de 13 ans de croissance en pleine terre !

« On apprend tout le temps en discutant entre nous et les techniques évoluent sans cesse notamment par le partage de bonnes pratiques entre professionnels ». En l'occurrence une des dernières trouvailles de notre sylviculteur découle d'une observation sur le terrain : après l’émondage basal, l'année suivante, l'arbre flèche. Il expérimente donc des plantations plus espacées pour que l’aération du tronc de l’arbre (indispensable pour éviter notamment la prolifération des champignons) se fasse sans cette intervention…Vivre avec les arbres est également l'occasion de réfléchir à des traditions plus anciennes. Il évoque ainsi la coupe au sabre, un rasage des arbres pas toujours simple à mettre en œuvre mais qui donne de beaux résultats.

La vie d'un sapin de Noël

En France, on vend environ 6 millions de sapins chaque année même si la France n’en produit que 3 millions et que le reste vient d'ailleurs, essentiellement d’Europe. Suivons ici le cycle de vie de l’arbre.

> choix des plants

Notre producteur est formel : tout commence avec le plan. C'est donc dans la pépinière (ou dans sa propre pouponnière) qu'il faut être capable de faire les bons choix parmi les essences (Nordmann - Abies nordmaniana, Epicea  - Picea abies, etc) mais également dans la forme du petit arbre qui préfigure ce qu’il deviendra plus tard. Parmi les essences, certaines sont plus gourmandes en eau que d’autres, certaines plus robustes, plus résistantes à certains parasites. En l’occurrence, c’est en voyageant et en expérimentant qu’il a fini par trouver les essences et provenances qui conviennent le mieux à ses terres.

Et si vous souhaitez faire germer l’arbre à partir de la graine, n’oubliez pas l’étape de la vernalisation (le passage par le froid de la graine). C’est indispensable et, là encore, cela influe sur la qualité de la germination et donc sur le rendement. Mais il faut souvent le faire artificiellement, car par exemple dans l'Est de la France, les hivers ne sont pas assez rigoureux pour déclencher toujours une bonne germination.

les essences les plus fréquemment plantées

Nordmann et Pungens

Le Nordmann, originaire du Caucase, de la famille des Abies est le sapin qui garde le mieux ses aiguilles. Sa croissance est lente, il est fourni, son écorce est claire, brune, et ses aiguilles plutôt plates, vert foncé brillant.

L’Epicéa, de la famille des Picéas, originaire d’Europe du Nord et du Centre est l’arbre de Noël traditionnel. Son écorce est rougeâtre, ses aiguilles sont vert foncé et son odeur très agréable.

Le Pungens, de la famille des Picéas, originaire d’Amérique du Nord a une ramure bleutée, très piquante, un port conique harmonieux et une agréable odeur de pin.

> plantation et soin du sol

Les plans repiqués dans les parcelles ont généralement 4 ans d'âge. Ils sont plantés au printemps (en mars et avril) ou en septembre. C'est le moment où il faut éviter une exposition asymétrique qui ferait tourner l'arbre et organiser les parcelles. Pour obtenir des arbres touffus, avec un faible écartement entre les couronnes, les terrains peu fertiles sont recommandés; il convient alors toutefois d’être vigilant pour que le sol ne soit pas carencé. Le producteur enrichit alors le sol (ici, notre homme utilise un engrais plus spécifiquement élaboré pour les fruitiers dont il pilote le dosage grâce à une régulière et précise analyse des sols).

> fauchage et désherbage

Les premières années, la plantation est débroussaillée pour que les jeunes plants puissent pousser. Entre mai et septembre, il faut alors faucher entre les arbres au moins une fois par mois car sans ce soin, les mauvaises herbes forcent le jeune plant à se développer en hauteur plutôt qu’en largeur pour atteindre plus vite la lumière.

> taille

En janvier, intervient l’émondage basal au cours duquel on libère l’arbre de toutes les branches du bas pour aérer le tronc, et éviter que ne s'installe le lichen et les champignons.

Les plants sont taillés à la main – au sécateur ou au couteau de taille (ou sabre) – au moins deux fois par an. L’idée est de régulariser la flèche du sapin, de provoquer un épaississement de l’arbre et d’obtenir une forme pyramidale. La pose de pinces à clamper aidera le sapin à ne pas grandir trop vite et à rester bien pointu. Cette pose n'est pas unique, elle se fait régulièrement en février, en mars, ou en avril.

> marquage

Le marquage des arbres découle du choix des arbres qui seront coupés. Dans cette exploitation familiale, il se fait désormais en octobre, car en aout, il arrive que certains arbres fassent encore des bourgeons de 2 à 3 cm qui peuvent changer tout à fait la physionomie du sapin. En septembre, une méticuleuse visite des arbres permet déjà de préparer le comptage et le marquage définitif en fonction des tailles et catégories de choix.

> coupe

Les sapins préalablement marqués sont coupés au ras du sol, au fur et à mesure des besoins car ils ne doivent pas rester trop longtemps au sol. Comme pour un produit frais, la logistique est au cordeau : en l’occurrence, ils restent au sol au maximum 48 heures avant d’être livrés

> conditionnement et livraison

Les sapins sont sectionnés au ras de la terre à partir de la mi-novembre, ils restent brièvement sur le champ avant d’être expédiés là où ils ont été commandés.

L’histoire du sapin de noël et ses origines

Mais pourquoi cultive-t-on cet arbre non pas pour en faire du bois mais pour le symbole et la décoration? Pourquoi et depuis quand l’accueille-t-on massivement dans nos demeures ?

On date du septième siècle l’intégration dans les festivités chrétiennes de l'image de l'arbre comme symbole de renouveau de la vie et de l’usage déjà très ancien de branchages toujours verts pour décorer les maisons. L’Encyclopædia Britannica, évoque l'utilisation d'arbres à feuilles persistantes pour symboliser la vie éternelle chez les Égyptiens, Chinois et Hébreux. Une autre légende raconte la naissance du sapin décoré. Le missionnaire saint Colomban, un soir de Noël, aurait emmené quelques religieux jusqu’au sommet de la montagne où poussait un antique sapin, objet de culte païen. Les moines accrochent à l’arbre leurs lanternes, les paysans accourent et saint Colomban raconte les merveilles de la naissance de Jésus. Il initie ainsi la coutume d’installer chaque année des sapins illuminés.

Les représentations et symboliques ont évolué puisqu’au 11eme siècle par exemple un sapin garni de pommes représentait (durant l’avent) l’arbre du Paradis. Il semble ensuite que l’arbre de noël tel qu’il fleurit aujourd’hui ait été inventé dans l’est de la France. A Séléstat, on trouve une première trace écrite de 6 sapins de Noël en 1521,  dans les livres de comptes de la cité. L’usage du sapin est d’abord en vogue chez les protestants (et donc plutôt en Europe du nord, en Allemagne et en Scandinavie). Ils représentent ainsi la nativité par un arbre plutôt qu’au moyen d’une crèche. L'Étoile de Bethléem s’installe à son sommet à partir du XIVe siècle. En 1738, l’arbre de Noel fait son apparition à Versailles grâce à l’épouse de Louis XV, d’origine polonaise alors qu’il faut attendre 1841 pour que le Prince Albert, (originaire de Saxe) en fasse dresser un en Grande Bretagne. L'arbre de Noël est petit à petit adopté par la noblesse européenne puis devient une tradition plus largement populaire, et ce partout dans le monde après que des colons allemands l'aient exporté en Amérique du Nord au début du XVIIe siècle.