Avril 2014
Floréal n°96 - Mars 2014
Les Centres Régionaux de la Propriété Forestière (C.R.P.F.) sont quinquagénaires. Ils ont été créés par la Loi du 6 Août 1963 et l’âge de raison est largement dépassé : c’est plutôt le moment des noces d’or avec les propriétaires forestiers. Cet anniversaire a donné lieu à une série d’exposés présentant les grandes évolutions de la Forêt Privée depuis 50 ans, dans les locaux du Ministère de l’Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt, avec la participation du Ministre Stéphane le Foll. Il nous est apparu que c’était l’occasion, non pas de faire un bilan nombriliste, mais d’essayer de dresser le portrait des propriétaires forestiers, de leurs propriétés et de poser quelques interrogations en termes de prospectives.
Différentes enquêtes (Resofop par le CNPF et Forestiers Privés de France, Agreste par le service de la statistique et de la prospective du Ministère de l’Agriculture) sont régulièrement menées auprès des propriétaires possédant plus de 1 hectare, pour permettre de mieux connaître leurs motivations, leurs évolutions.
Les propriétaires ont forcément des motivations diverses, mais ont des caractéristiques en commun :
Il est un lieu commun de dire que la propriété forestière est morcelée. C’est vrai et c’est faux. Pour être plus exact, il faudrait dire "une partie importante, mais minoritaire, de la forêt privée est morcelée". A contrario, les propriétaires de 25 hectares ou plus détiennent la moitié des surfaces forestières privées.
Dans ce graphique, il n’est pas tenu compte du fait qu’un propriétaire peut posséder de nombreuses parcelles non jointives (il peut, par exemple, posséder 10 hectares en de très nombreux îlots). Pour appréhender réellement le niveau de morcellement, il faut, en fait, considérer les surfaces forestières par îlots d’un seul tenant (cf. ci-après).
Répartition de la taille des îlots forestiers - Propriétés forestières privées de 1 ha et plus
(source AGRESTE 2012)
Les propriétés inférieures à 4 hectares d'un seul tenant représentent ainsi en France plus de 40 % de l'ensemble de la forêt privée (les 36 % indiqués ci-contre, auxquels il faut ajouter les propriétés inférieures à 1 hectare).
Ce chiffre n'a pas évolué entre 1999 et 2012, dates des enquêtes Agreste.
D'après les mêmes enquêtes, la Lorraine1, jusqu'alors beaucoup plus morcelée que la moyenne nationale, est désormais au même niveau. Les îlots entre 1 et 4 ha sont passés de 46 à 37 %.
Les politiques volontaristes en faveur du regroupement foncier, les aides des Conseils Généraux, du Conseil Régional d'Alsace portent leurs fruits.
L'extension de la surface forestière est permanente depuis deux siècles en France, mais une nette accélération a été constatée entre 1950 et 1990. Elle se fait, pour une grande part, en propriété privée et est la conséquence du recul de l’agriculture. Ces nouvelles forêts se sont constituées sur le parcellaire agricole de l’époque, extrêmement étriqué.
Ceci est la cause principale du morcellement de la forêt privée.
Il en est ainsi en Lorraine-Alsace, où l’on peut observer plusieurs "vagues" de recul de l’agriculture :
Aujourd'hui, la France compte près de 14,8 millions d'hectares de forêt (hors peupleraies) couvrant 27 % du territoire, dont 74 % appartiennent à 3,5 millions de propriétaires forestiers privés. 1,1 million possède plus de 1 hectare.
Les différences de surfaces entre les sources de données sont considérables. Ceci s’explique, en partie, par le fait que les natures de culture figurant au cadastre sont déclaratives ; des surfaces importantes sont encore classées "terres", "prés" ou "landes" dans les fichiers, alors qu’elles sont boisées.
Contrairement à une idée reçue, la forêt privée est à forte dominante feuillue, tout comme la forêt française en général. En Lorraine-Alsace, 63 % des volumes sur pied concernent des essences feuillues et 37 % des essences résineuses.
Sur les 50 dernières années, les résineux sont en diminution notoire, alors même que le marché en demande de plus en plus. Ainsi en Lorraine-Alsace :
1 En Alsace, le taux d'échantillonnage est trop faible pour être interprétable
L’analyse du renouvellement des 6.900 ha de plans simples de gestion détruits par la tempête de 1999 en Lorraine-Alsace va dans le même sens. On note une forte régression des résineux au profit des feuillus, en particulier dans les plaines lorraines (diminution de près de 50 %).
On constate également dans la reconstitution de ces 6.900 ha qu’il n’y a pas eu d’évolution en terme de surfaces entre les peuplements issus de plantations ou ceux issus de régénérations naturelles.
Julie Thomas - IDF et Philippe Laden - CRPF
REMONTER EN HAUT DE PAGE
Besoin
d’un avis,
d’un conseil ?