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Arbres et forets

Gérer ses jeunes peuplements feuillus

Avril 2012

Intervenir dans les jeunes peuplements constitue une étape importante pour préparer l’avenir de sa forêt. S’assurer d’une régénération suffisante, permettre aux arbres de se concurrencer rapidement, choisir les tiges les plus vigoureuses et les mieux conformées, les accompagner dans leur croissance,... telles sont les techniques présentées dans un nouveau guide "des travaux économes pour du bois d'oeuvre de haute qualité".

Floréal N°88 - Mars 2012

Intervenir dans les jeunes peuplements constitue une étape importante pour préparer l’avenir de sa forêt. S’assurer d’une régénération suffisante, permettre aux arbres de se concurrencer rapidement, choisir les tiges les plus vigoureuses et les mieux conformées, les accompagner dans leur croissance,... telles sont les techniques présentées dans un nouveau guide "des travaux économes pour du bois d'oeuvre de haute qualité".

Depuis déjà quelques décennies, le CRPF de Lorraine-Alsace et en particulier nos collègues des Vosges, sont sensibles au développement d’une sylviculture économe. Produire des bois de qualité en investissant de façon raisonnée et ciblée sur peu de tiges à l’hectare répond à la nécessité de réduire les coûts dans les premières phases d’installation de la forêt.

Cette préoccupation est partagée par nos collègues forestiers du Luxembourg, d’Allemagne et de Belgique. Réalisé dans le cadre d’une collaboration européenne avec le soutien financier de l'Europe, de l'Etat et de la Région Lorraine, le document fixe les bases de cette sylviculture. Il intègre notamment les processus de concurrence naturelle que subissent les arbres dans les premières années de leur croissance. La période concernée par ces conseils va de l’installation des semis suite à une coupe ou un accident climatique, jusqu’à un stade de haut-perchis à jeune futaie, soit de 30 à 40 ans.

Le guide se présente en 2 parties. La première expose clairement les principes de cette sylviculture qui s’inspire assez largement de l’expérience acquise en la matière par nos homologues forestiers allemands. La deuxième entre plus dans le détail par l’intermédiaire de fiches techniques. Ces fiches se veulent opérationnelles.
Dans le but d’apporter aux propriétaires et gestionnaires une information plus synthétique, un dépliant vient résumer le guide.

La phase d’installation (hauteur entre 0 et 75 cm)

Il s’agit du moment où le sol se couvre de végétation ligneuse et où les jeunes plants se libèrent de la concurrence herbacée. Dans certains cas, la régénération naturelle est difficile à obtenir. La plantation est alors une alternative obligatoire pour le sylviculteur. Un itinéraire particulier figure dans le document. Il s’agit de la plantation par îlot (voir l’encart ci-après).

 

Zoom sur la plantation par îlot

Dans des situations où le manque de régénération naturelle est criant, la plantation par îlot permet, sur une surface réduite, de reproduire une ambiance forestière. Pour ce faire, on implante tous les 10 à 15 mètres, un placeau de 20 à 30 m2 comprenant entre 20 à 30 plants de l’essence du peuplement final. Il est possible d’installer une couronne de plants comme le noisetier, le charme, ou le hêtre, autour du placeau. Le but de ce dispositif est de créer rapidement une concurrence entre les tiges de façon à ce qu’elles filent rapidement vers la lumière. Suite à la tempête de décembre 1999, quelques dispositifs de ce genre ont été implantés en forêt privée.

Les témoignages des propriétaires ou gestionnaires sont unanimes : "il est fondamental de suivre l’évolution de la végétation d’accompagnement qui peut devenir très envahissante et concurrencer sévèrement les îlots plantés".

 

La phase de qualification appelée aussi "phase de compression" (hauteur entre 75 cm et 12 m)

Une fois que les plants ont une hauteur de 2 à 4 mètres, ils rentrent en concurrence car ils n’ont qu’une seule obsession : filer vers la lumière, et au plus vite. Pendant cette phase, les arbres vont constituer leur future bille de pied grâce à un élagage naturel. Il conviendra de choisir, parmi toute cette population, les plus vigoureux et les plus beaux. C’est également à ce stade que le gestionnaire pourra intervenir pour favoriser certaines essences, par rapport à d’autres. Pour ce faire, les techniques les plus employées sont cassage et annélation. A ce stade, il devient également indispensable de mettre en place des cloisonnements de pénétration. Cette phase et les suivantes ont été largement développées dans deux articles de Stéphane Asaël "Comprimer n’est pas seulement brimer !" et "Détourer n’est pas sacrifier…", parus dans FLOREAL 71 et 72.

La phase d’expansion (hauteur de 12 à 17 m)

Une fois la bille de pied formée et la position sociale de la tige affirmée, l’opération suivante consiste à permettre au houppier de s’étendre. Appelée détourage, elle correspond à la coupe des arbres qui concurrencent le plus l’arbre choisi comme arbre d’avenir. Le détourage est un acte assez radical puisqu’il n’est pas rare que 5 à 10 arbres soient ainsi coupés dans le voisinage immédiat de celui que l’on veut favoriser. Les cloisonnements d’exploitation sont ici obligatoires.

Mais qu’est-ce qui différencie cette technique d’une autre ?

Les objectifs qui motivent cette sylviculture peuvent sembler déroutants de prime abord, par rapport aux itinéraires sylvicoles plus classiques. 
Un constat surprenant en tout premier lieu : la production de bois feuillus de qualité est rapidement concentrée sur très peu de tiges, au plus 60 à l’hectare en début de phase d’expansion.

Accepter de compter sur les processus naturels pour orienter en partie les interventions du gestionnaire est une des bases essentielles de la réflexion
Les dégagements en plein, coûteux et loin d’être pertinents dans la plupart des cas, ne sont plus pratiqués. La sylviculture est centrée sur l’arbre.
Vous l’aurez compris, cette technique ne se voit pratiquement pas ! Même si elle est très discrète, attention, il est une nécessité absolue, celle de suivre ces peuplements afin de ne pas manquer d’intervenir au bon moment, sous peine de perdre tout le bénéfice de la méthode.

 

Le guide et son dépliant-résumé sont disponibles sur demande au secrétariat du CRPF Lorrain-Alsace : lorrainealsace@crpf.fr, ou par téléchargement sur le site Internet du CRPF Lorraine-Alsace.

Des journées de formation seront également programmées dans le cadre des journées "Rencontrons-Nous".

Stéphane Asaël et Cyril Vitu - CRPF Photos : Stéphane Asaël

Article extrait de la revue FORÊT DE FRANCE, la revue nationale de la forêt privée, diffusé auprès des propriétaires et professionnels de la filière forêt-bois.

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