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Arbres et forets

Installation des plantations : le maître mot, c'est prévoir!

Février 2013

Dans le précédent numéro de FLOREAL, nous vous avions proposé une réflexion sur les densités de plantation. Une fois le choix du nombre de plants par hectare arrêté, il reste cependant à décider la manière de disposer les plants sur la parcelle. Ce choix revêt une importance toute particulière car il conditionne la réalisation des opérations sylvicoles à venir.
Floréal N°91 - Décembre 2012
 
Dans le précédent numéro de FLOREAL, nous vous avions proposé une réflexion sur les densités de plantation. Une fois le choix du nombre de plants par hectare arrêté, il reste cependant à décider la manière de disposer les plants sur la parcelle. Ce choix revêt une importance toute particulière car il conditionne la réalisation des opérations sylvicoles à venir.

A densité égale, des solutions multiples

En carré, en rectangle, en quinconce et par placeaux, les possibilités de répartition des plants sur une parcelle sont nombreuses. Les schémas suivants permettent de visualiser les techniques les plus couramment mises en oeuvre.
 
Schéma issu du Guide technique pour des travaux forestiers de qualité - Ministère de la Région Wallonne - Pascal Balleux (CDAF) et Philippe Van Lerberghe (IDF-CNPF)
 
Dans la pratique, les plantations en quinconce, qui permettent une optimisation de la répartition des plants (houppiers et parties racinaires), sont surtout utilisées pour le peuplier.
Dans la majorité des autres cas, le propriétaire décide un écartement entre lignes et un écartement entre plants, et les ouvriers réalisent la plantation sans forcément dessiner un carré ou un rectangle parfait, l’important étant de respecter l’alignement pour pouvoir retrouver les plants dans la végétation.
Le tableau ci-après permet de déterminer, pour quelques densités classiques, les écartements respectifs entre lignes et entre plants.
 
Exemple en grisé : pour une densité de 1.300 plants/ha et un écartement entre lignes de 3 mètres, les plants devront être espacés de 2,56 mètres sur la ligne.

Comment choisir un écartement entre lignes et un sens de plantation ?

Le choix de l’écartement entre lignes est avant tout conditionné par les entretiens et les exploitations futurs. Si l’on envisage des dégagements mécanisés, l’écartement doit être supérieur à 3 m, voire 3,5 m, de façon à permettre le passage du tracteur et du gyrobroyeur sans causer de dommage aux plants, tout en conservant un gainage naturel à leur pied. Evidemment pour obtenir une densité suffisante, on pourra être amené à resserrer la distance entre plants.
 
Par exemple:
Pour une même densité de 1.600 plants par ha on peut retenir un écartement de 3 mètres entre lignes et 2,08 mètres entre plants [10.000/ (3 x 2,08) = 1.602], ou 2,6 mètres entre lignes et 2,40 m entre plants [10.000/(2,6 x 2,4) = 1.602]. En cas de dégagement mécanisé, la première solution est préférable.
 
L’orientation des lignes est également à réfléchir soigneusement.
  • En montagne, on implante les lignes dans le sens de la plus grande pente pour des raisons évidentes de circulation des engins.
  • En plaine, c’est la forme de la parcelle et surtout la présence des chemins qui orienteront la décision. En effet, on privilégiera les lignes les plus longues possibles, mais surtout un débouché logique sur les chemins (cf. schéma).
Schéma issu du Guide technique pour des travaux forestiers de qualité- Ministère de la Région Wallonne - Pascal Balleux (CDAF) et Philippe Van Lerberghe (IDF-CNPF)
La présence de ruisseaux, fossés et autres obstacles linéaires est déterminante. Il faut éviter d’avoir à les traverser constamment.
Enfin, inutile de planter à proximité des peuplements adultes, ils apporteraient trop d’ombrage.
Ne pas aller non plus jusqu’au bout de la parcelle, les tracteurs écraseraient les jeunes plants en manoeuvrant. Si la parcelle est assez grande, la préservation de "tournières" sur quelques mètres en bout de ligne permet de pallier cet inconvénient.

La technique des placeaux : une autre approche de la plantation pour les feuillus

Les adeptes des très fortes densités ont, quant à eux, développé la technique des placeaux. L’idée est de concentrer les plants sur des petites zones afin de créer le plus rapidement possible une compétition entre les jeunes sujets, dans le but de favoriser la formation d’une bille de pied.
 
Ainsi, au lieu d’introduire les plants de façon homogène sur l’ensemble de la parcelle, on installe les plants à très forte densité sur de petites zones : 20 à 30 plants sur 20 à 30 m2 (1 plant/m2) et ±70 placeaux par ha (soit 1.400 à 2.100 plants/ha), le reste de l’espace étant occupé par le recrû naturel.
 
Au final, la quantité de plants installés sera aussi forte qu’avec la méthode des lignes, mais répartie totalement différemment. Outre la mise en concurrence plus rapide des plants, cette technique a l’avantage de concentrer les travaux sur des surfaces plus réduites.
Dispositif de plantation par placeaux
L’objectif est d’obtenir à terme, un arbre d’avenir par placeau. En l’absence de recrû, les adeptes de la méthode recommandent la plantation autour de l’ilôt, d’essences dites ombrageantes comme le hêtre, le tilleul et le charme.
 
Une variante de cette technique, appelée plantation "par nids", reprend les mêmes principes avec des placeaux plus petits et une densité au sein de ces derniers encore plus forte (ilôts de 25 plants, avec 25 à 50 cm entre les plants)

L’enrichissement : à utiliser lorsque le recrû est abondant

Quand Dame Nature s’est montrée fort généreuse et offre un recrû de qualité au sylviculteur, la technique de l’enrichissement peut se révéler un choix judicieux. Elle consiste à installer des plants à basse densité dans une matrice de recrû ou de régénération.
L’objectif recherché peut être la diversification grâce à l’introduction d’essences non présentes, soit pour des raisons économiques (feuillus précieux), ou écologiques, mais aussi pour des raisons génétiques (introduction d’autres origines d’une essence déjà représentée).
 
On peut aussi avoir recours à cette solution pour "assurer" l’avenir, par exemple, si l’on n’est pas certain que le recrû comporte des tiges de qualité en nombre suffisant.
 
En général, on retient un espacement assez large entre rangs, de l’ordre de 7 à 10-12 mètres, les plants étant espacés de 5 à 7 mètres sur la ligne, pour une densité qui avoisine les 200 tiges par ha. Cette option requiert toutefois un suivi individuel des plants plus fin que les plantations en plein ou par placeaux.

Photo : Maren Baumeister - CRPF

Au moment de décider

Tout comme pour les densités, la bonne nouvelle, c’est que les voies sont nombreuses pour parvenir à constituer un peuplement. La mauvaise est aussi que les voies sont multiples et qu’il faut faire un choix pas toujours très évident.
C’est le moment de rappeler que les décisions doivent être prises en fonction de la situation de terrain et des possibilités/souhaits des propriétaires et surtout, qu’une fois le choix arrêté, il faut suivre l’itinéraire retenu avec constance et mettre en oeuvre les travaux correspondants, sous peine de voir les investissements consentis dilapidés.
Cyril Vitu - CRPF

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