Interview de Bernard Naegel : le CRPF Grand Est lui va bien !

Forêts Privées du Grand Est

Après un mandat de 6 ans au CRPF Champagne-Ardenne, Bernard Naegel vient d’être réélu, pour un nouveau mandat, mais cette fois-ci au sein du tout nouveau CRPF Grand Est ! Un CRPF qui lui va bien : si les racines de ses arbres s’enfoncent dans les sols haut-marnais, ses racines familiales, elles, sont bien ancrées dans la Vallée de Munster… Un regard bleu et franc, une assurance tranquille, une vie professionnelle bien remplie au sein de sa société de sonorisation mobile créée à Paris, il est selon ses propres mots et son bel humour "au dernier quart de sa vie". Et ce reste… c’est en forêt, et en Alsace qu’il compte bien le passer !

Vous êtes propriétaire de 32 ha en Haute-Marne : une forêt familiale ?

Elle appartenait à mon grand-père, puis à ma mère et ma tante, j’y suis donc très attaché. Lorsque nous en avons hérité avec mes sœurs et cousins, afin d’éviter le démantèlement, j’ai proposé de créer un Groupement Forestier. Cela ne s’est pas fait car finalement, peu de temps après, une rentrée d’argent inattendue m’a permis de racheter leurs parts.

Quelle gestion appliquez-vous ?

C’est un taillis-sous-futaie, riche, avec de beaux chênes et hêtres. La régénération naturelle y est bien installée et n’a pas à souffrir de la dent du gibier. Je poursuis la gestion établie par mon grand-père ; un cycle de rotation tout simple : 10 parcelles, on passe tous les trois ans, et on coupe 1 arbre sur 4. Ce qui fait que tous les 3 ans je commercialise 150 à 300 m3 de belles grumes. Et je suis ainsi arrivé à une forêt jardinée avec des sujets de toutes les classes d’âges, selon un cycle de 120 ans.

Qu’est-ce qui vous a amené à siéger dans les organismes forestiers et au CRPF ?

J’ai été président du Groufor 52 pendant 4 ans et, au cours de mon 1er mandat au CRPF, j’étais suppléant de Dominique Barthélémy. Je suis désormais titulaire pour la Haute-Marne et je souhaite continuer à prendre une part active dans le monde de la forêt. Participer aux enjeux et à la définition de nos stratégies m’apparaît primordial. Si nous, propriétaires, sommes bien conscients de notre rôle économique, sociétal et environnemental, nous souhaitons aussi préserver notre liberté ! Accepter le changement, l’innovation, oui bien sûr, mais dans le respect de nos libertés et de notre autonomie.

Être informé de la politique forestière, être attentif aux options de gestion prises au niveau national, une nécessité ?

Bien sûr ! Il faut veiller à ce que le rôle de l’administration ne soit pas trop intrusif, notamment dans les Plans simples de gestion. S’évertuer à estimer précisément les récoltes annuelles ? On ne peut pas obliger les sylviculteurs à couper leurs arbres, il y a des réalités de terrain, et de marché ! Notre nouvelle région est la seconde région française en matière de récolte forestière. Et avec nos 41 % de forêts privées, nous nous devons d’étudier et d’analyser très attentivement la politique forestière. Il nous faut être vigilants et au sein de ce nouveau CRPF nous le serons ! Nous tiendrons un langage cohérent et déterminerons, ce que nous pouvons accepter … ou pas !

Quels sont vos projets ?

Je vais désormais vivre en Alsace et j’ai d’ailleurs pour projet d’y acheter une forêt. Je souhaiterais également prendre une part active à la vie du Parc des Ballons des Vosges, et je vais siéger dans diverses commissions. Mais… ce qui me préoccupe le plus -et qui devrait tous nous préoccuper au sein de ce nouveau conseil- c’est la transmission ! Nous ne savons pas susciter l’intérêt de nos jeunes.

Je constate que nous n’associons pas assez tôt nos successeurs à la gestion de nos parcelles. En cela nous sommes fautifs. Je vais inciter mon fils de 40 ans à suivre un cycle Fogefor de base et à m’accompagner dans les réunions forestières. Il faut informer et former : c’est une nécessité pour assurer l’avenir de nos forêts !

Marie-Françoise Grillot - CRPF