Gestion, réglementation et administration
Janvier 2019
Jean-François PIERREZ a été récemment élu administrateur du CRPF pour le département du Haut-Rhin lors des dernières élections en 2017.
Il découvre, pas à pas, la politique forestière...
Vous êtes un jeune propriétaire forestier ?
Oui, enfin plus si jeune que cela aujourd’hui… J’ai pu acquérir avec mon père un massif de moins de 25 ha, dans les années 2000. Je me considère comme un petit propriétaire avec une grande passion pour la forêt.
Un rêve d’enfant ou un besoin de se sentir pleinement responsable d’un petit morceau de nature. Cette forêt a fait l’objet de coupes à blanc en 1974. Elle a été replantée en douglas en 1975 mais laissée sans soin. La sécheresse de 1976, les accrûs de bouleaux et les dégâts de gibier furent catastrophiques.
Aujourd’hui, nous essayons de "redresser la barre". Nous nous orientons vers une gestion en futaie irrégulière.
Comment avez-vous mis "le pied à l’étrier" dans les instances politiques de la forêt privée ?
À la suite d’achats, puis d’échange avec la commune de Sainte-Marie-aux-Mines, nous avons dépassé le seuil fatidique des 25 ha.
À ma grande surprise, j’ai découvert la nécessité de réaliser un Plan Simple de Gestion. C’est à ce moment que j’ai pris connaissance des méandres de l’organisation de la forêt privée : syndicat, coopérative, associations forestières, Forestiers d’Alsace, CRPF, Chambre d’Agriculture…
Tout ça, était un peu confus. J’ai adhéré à l’association forestière de la vallée où nous avons été chaleureusement accueillis par Jean-Marie Batot. Ensuite, j’ai participé à un cycle FOGEFOR, et j’ai suivi les journées "rencontrons-nous". Il est important de participer à ces formations pour suivre les évolutions politiques, climatiques, techniques... J’ai peu à peu intégré les conseils d’administrations de l’association de la vallée puis de Forestiers d’Alsace.
Justement que s’est-il passé à Forestiers d’Alsace ?
Forestiers d’Alsace fédère 10 associations pour 1 600 adhérents.
Jusqu’au 31 décembre 2016, nous avions un programme d’actions établi avec l’ancienne Région Alsace. Malheureusement, la naissance du Grand Est a contribué à la fin de ces financements. Sans ressource, le onseil d’administration n’a pas eu d’autre choix que de licencier 4 techniciens et une secrétaire.
Nous allons d’ailleurs encore perdre un poste CRPF en 2019.
Nous avions rempli nos objectifs en terme de mobilisations bois plus, d’amélioration du foncier et ’aménagement de dessertes comme le stipulait le PPRDF.
Et pourtant, on nous a supprimé une partie de nos techniciens. Nous nous posons des questions pour l’avenir.
Pourquoi s’investir de la sorte ?
J’ai souhaité m’investir car je me sentais porté par un élan de passionnés. J’en veux pour preuve les lections du CRPF où le département du Haut-Rhin a fini avec le meilleur taux de participation (46 %) au niveau
national ! Le massif vosgien est extrêmement fréquenté. En Alsace, la forêt privée représente 25 % de la surface forestière!
Notre principal handicap est le morcellement avec des prix du foncier plus élevés qu’ailleurs.
Entre chasseurs, naturalistes, randonneurs, sportifs, si l’on veut exister, il faut se faire entendre et faire comprendre aux usagers que la forêt appartient à quelqu’un…
Les alsaciens sont viscéralement attachés à leur forêt avec souvent du bois de valeur. Il est fondamental de défendre nos droits de propriétaires gestionnaires dans une société où la forêt privée est souvent décriée à tort...
Nous travaillons quelque peu "hors du temps". Le propriétaire forestier n’est pas simplement un contemplatif de la forêt, il la vit littéralement. Ne sommes-nous pas finalement les écologistes les plus engagés ?
Propos recueillis par Thierry Bouchheid - CRPF
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