Janvier 2017
Les rongeurs pouvant avoir un impact en forêt sont nombreux. Nous vous proposons de vous présenter les micro-rongeurs qui, ponctuellement, à la faveur d'un reboisement et d'une pullulation, peuvent se rappeler à notre souvenir.
On classe ces micro-rongeurs en fonction du milieu auquel ils sont inféodés. Dans les milieux ouverts (terres agricoles, coupes rases importantes), on trouvera le redoutable campagnol terrestre et le campagnol des champs. Dans les milieux fermés, le premier responsable de dégâts sera le campagnol agreste puis le campagnol roussâtre, enfin les mulots sylvestre et à collier, auteurs de moins de dégâts.
Campagnol terrestre
Les campagnols terrestres et des champs Ces petits animaux à la queue plus courte que le corps vivent en général 2 à 3 ans. Leur développement est lié à la disponibilité alimentaire et à l'espace vital. Sans prédation, on peut passer de 2 adultes en début de saison à 100 individus en automne. En basse densité, la présence de 50 individus/ha ne se remarque pas dans le milieu. Vous pouvez détecter leur présence aux tumulus qu'ils construisent. Ces petits tas de terre proches les uns des autres ne doivent pas être confondus avec les taupinières, beaucoup plus alignées et bombées. Par contre, les campagnols peuvent profiter des galeries de la taupe. En milieu agricole, ils consomment des bulbes, des racines et des graines. En milieu forestier, ils s'alimentent sur les racines des plants, sous le niveau du sol.
Système racinaire d'épicéa consommé par les micro-rongeurs
Le campagnol des champs se différencie physiquement de son cousin le campagnol terrestre par sa taille, beaucoup plus petite, et ses oreilles visibles. Par contre, lui ne construit pas de tumulus. Il crée des galeries ouvertes avec de la terre de part et d'autre. Ses dégâts forestiers se traduisent surtout par des écorçages au collet mais il peut également s'attaquer au système racinaire de jeunes plants. Pour ces deux campagnols "agricoles", les dégâts en forêt apparaîtront surtout dans les reboisements de terres agricoles, ou à proximité de prairies.
Nos petits rongeurs forestiers vont surtout s'attaquer aux parties aériennes des plants. Le campagnol agreste a un aspect hirsute type "poil de sanglier". Son principal impact est l'écorçage des plants jusqu'à 15 cm de haut. Il peut créer des dégâts souterrains, mais juste après la plantation et plus facilement dans des potets travaillés où la terre est meuble. Le campagnol roussâtre est un équilibriste et peut faire des écorçages de jeunes plants jusqu'à 5 mètres de haut. Son passage est particulièrement visible sur les mélèzes. Enfin, les mulots vont consommer des graines mais aussi, plus gênant pour les forestiers, des bourgeons.
Ces petits animaux génèrent en général des dégâts en début d'hiver, lors des premières disettes, dans les 3 ans qui suivent la plantation. Le milieu le plus favorable est une plantation dans un tapis de graminées sur plusieurs hectares. Les différents rongeurs sont souvent présents conjointement sur une même parcelle. Les traces d'incisives sont visibles, ce qui évite toute confusion avec un insecte. Une identification irréfutable ne pourra cependant se faire qu’à l'issue de piégeages. Les essences attaquées par ordre de préférence sont le chêne, le peuplier, le mélèze, le hêtre, les feuillus précieux puis les pins et, dans une moindre mesure, l'épicéa. En cas d'attaque, les dégâts sont variables et seulement 20 % des atteintes remettent en cause l'avenir des plantations (plus de 30 % de plants morts).
Epicéa déstabilisé par la consommation de ses racines
En présence de nombreuses galeries, de passages, de tumulus et d'écorçages sur la végétation présente (semis de charme par exemple), il peut être plus prudent de reporter une plantation. Pour contenir les pullulations de rongeurs, il faut s'appuyer sur leurs prédateurs naturels (rapaces nocturnes et diurnes, mustélidés, renards, chats sauvages,…), garder des perchoirs (2/ha), des haies, éviter la destruction de ces prédateurs, fractionner le milieu pour rendre la prédation plus aisée. Par exemple, sur des lignes girobroyées, les rongeurs sont plus visibles que dans une vaste zone de souille. La lutte chimique en forêt n'est pas envisageable en raison des risques écologiques qu'elle ferait peser sur les autres animaux et de son peu d'efficacité. Les pullulations peuvent s'étendre sur 1 à 2 saisons de végétation. Les rongeurs sont impactés par les pluies importantes et les hivers froids sans neige. La chute des populations intervient à la suite d'épidémies ou de concurrence alimentaire.
Catherine Négrignat – CRPF
Notre écureuil roux qui ne cause que très rarement des dégâts dans les peuplements forestiers, est menacé par un autre écureuil : l'écureuil gris. Celui-ci, deux fois plus gros, engendre des dégâts d'écorçage. C'est un écureuil américain, introduit dans les parcs en Angleterre au début du XXème siècle. Aujourd'hui, l'ensemble de l'île est colonisé et seuls quelques rares foyers d'écureuils autochtones subsistent (Cet américain est le porteur sain d'une pathologie redoutable pour l'écureuil roux). Si vous observez des écorçages atypiques ou un individu, n'hésitez pas à le signaler.
Certains d'entre vous ont déjà subi d'énormes dégâts dans leurs peuplements du fait de la présence de castors. Ce gros rongeur inféodé aux bords de rivière peut fortement endommager les arbres installés à proximité des cours d'eau. Seul remède pour lutter contre ses incisives : le grillage métallique. Rappelons que cet animal est protégé, de même que son habitat ; il ne peut donc pas faire l'objet de destruction ou de piégeage.
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