Août 2018
C’est dans son bel appartement du centre de Reims, aux murs couverts de ses merveilleuses aquarelles, que Michel Lefèvre, a accepté de nous parler de sa passion pour la forêt. Il y est venu par la chasse et n’a cessé d’agrandir son patrimoine situé dans le Parc de la Montagne de Reims. Peupleraies, boisements de terres agricoles, plantations, régénération naturelle, TSF : c’est avec intérêt et philosophie qu’il regarde pousser ses arbres. "En fait c’est très simple et très compliqué à la fois" constate-t-il ! Retraité, après avoir dirigé une ébénisterie-menuiserie, il s’emploie désormais à transmettre sa passion à son entourage familial…
Comment et quand êtes-vous devenu propriétaire de vos forêts marnaises ?
Cela s’est fait progressivement. Tout d’abord, en 1981, j’ai planté 12 ha de peupliers. Puis, afin de conserver la chasse sur le massif sur lequel je la pratiquai, j’ai acheté 34 ha, qui ont ensuite été "repris" par le Parc. J’ai alors racheté des parcelles jusqu’à constituer un ensemble d’une centaine d’hectares, mais très peu accessible ; j’ai alors poussé à la création d’une ASA de desserte (1). J’ai également boisé des terres agricoles en noyer, aulne, platane sur environ 10 ha.
Quels sont les principaux types de peuplements et les problématiques liées ?
Ce sont majoritairement des peuplements de type taillis sous futaie, de chêne, châtaignier, frêne, charme, sur sol argileux agrémenté de pierre meulière. J’ai par ailleurs une parcelle de 22 ha en régénération naturelle. Nicolas Vanderheeren du CRPF, m’accompagne depuis des années par ses précieux conseils. Administrateur de la coopérative de la Marne, c’est avec son directeur, Christophe Genin, que je vais établir mon plan de gestion. Il doit être refait en totalité, avec le souci de préserver une forêt équilibrée résistante au changement climatique.
La chasse, l’équilibre sylvocynégétique : cela vous parle et vous passionne ?
Tout comme mon père, j’ai aimé chasser. Mais, force est de constater que la surpopulation de cerfs et chevreuils est quelquefois néfaste pour nos arbres.
Ils abroutissent, frottent ; il faut désormais systématiquement protéger nos plantations ce qui en double le prix ! J’ai installé, avec le CRPF et la Fédération des Chasseurs, des expérimentation, avec caméras, pour étudier le comportement des cervidés.
Vous avez créé un Groupement Forestier car, bien sûr, la transmission de vos forêts vous préoccupe ?
Bien transmettre un patrimoine, partager une passion, c’est important ! Ma fille et mon gendre ont suivi le Fogefor en Normandie et mes 2 petitesfilles sont intéressées. J’essaie de leur inculquer les bienfaits de la forêt, et comment progresse la nature, toute seule mais en l’aidant : en fait, c’est très simple et très compliqué à la fois !
Vous connaissez bien la forêt mais mieux encore le travail du bois ?
En 1964, j’ai repris une menuiserie-ébénisterie de 3 salariés. C’était une période faste, avec du courage, on pouvait réussir. Entouré d’une équipe compétente, j’ai élargi les services proposés : des ébauches de dessins à l’installation des produits finis. Cela allait des pré-fabriqués pour les grands chantiers, comme les hôpitaux, au travail d’essences précieuses pour des meubles de luxe destinés aux musées, ou maisons de haute couture. Nous avons même refait un bateau, une église à Metz, et un grand escalier dans un château classé ! Lorsque j’ai revendu, il y avait 85 employés. À ma retraite, j’ai fait le chemin de Saint-Jacques, et c’est en voulant reproduire les cathédrales que je me suis découvert une nouvelle passion : l’aquarelle !
Marie-Françoise Grillot - CNPF
(1) ASA : Association syndicale autorisée permettant de regrouper les propriétaires concernés.
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