En France, la récolte des matériels forestiers de reproduction, boutures, graines, fruits, est régie de manière rigoureuse.
En effet, elle se fait sur des peuplements préalablement sélectionnés, dans des zones dites "régions de provenance", aux conditions écologiques relativement homogènes, sous contrôle des services de l’Etat. Lors de la collecte, les lots sont placés dans des sacs plombés et équipés d’une étiquette qui les accompagnera jusqu’à la commercialisation des plants par le pépiniériste et qui en garantira l’origine.
Floréal N°90 - Septembre 2012
En France, la récolte des matériels forestiers de reproduction, boutures, graines, fruits, est régie de manière rigoureuse.
En effet, elle se fait sur des peuplements préalablement sélectionnés, dans des zones dites "régions de provenance", aux conditions écologiques relativement homogènes, sous contrôle des services de l’Etat. Lors de la collecte, les lots sont placés dans des sacs plombés et équipés d’une étiquette qui les accompagnera jusqu’à la commercialisation des plants par le pépiniériste et qui en garantira l’origine.
Ce système a permis d’établir régionalement des listes d’espèces et, à l’intérieur de chacune d’elles, de
provenances utilisables localement. Il donne également l’assurance au propriétaire que le
matériel forestier qu’il achète a une origine géographique connue et est donc susceptible de se développer dans des conditions écologiques identifiées.
Mais l’arrivée du changement climatique et quelques exemples d’échecs doivent nous pousser aujourd’hui à réfléchir au maintien en l’état d’un tel système.
En effet, il n’est pas rare, dans certaines régions, de ne pas trouver la provenance locale d’une espèce que l’on souhaite utiliser. Pour illustrer ce propos, citons l’exemple de la réimplantation des haies brise-vents sur les hauts plateaux du Cantal.
Dans ces formations, une essence est emblématique et fait partie du patrimoine culturel local : c’est le frêne. Traité en têtard, il maille le paysage en bordure des champs et ses feuilles permettent de nourrir les bovins en période de disette. Or, pour réimplanter l’espèce, il n’a pas été possible de trouver d’origine locale autorisée. On a donc eu recours à une origine "officielle" : Champagne-Ardenne.
Le résultat a été désastreux. Les arbres ne sont pas adaptés aux conditions climatiques montagnardes et rudes du Cantal.
Ils présentent de très importants problèmes de vitalité et de forme alors que, dans le même temps, on trouve dans les haies environnantes des arbres de très belle venue.
Dans un autre registre, le changement climatique a incité les services de l’Etat à élargir la liste des essences possibles à des espèces plus "méridionales" telles que par exemple, le pin maritime.
Mais les provenances recommandées viennent d’Aquitaine. Or, on connait en Lorraine des peuplements adultes qui ont vécu les gelées de 1956 et 1985 et y ont résisté. On peut donc sans peine imaginer qu’ils seront mieux adaptés que les aquitains aux conditions de la région et résisteront mieux aux aléas climatiques. Mais encore faut-il pouvoir aller y récolter des graines pour la production de plants. Aujourd’hui, ce n’est pas possible.
Pin maritime en mélange avec du pin sylvestre - Massif de l’Ancerf à Faucompierre (Vosges)
Pourtant, un bouquet d’arbres d’une essence peu répandue dans une région mais susceptible, dans le futur, de présenter un intérêt au regard de l’évolution prévisible des conditions climatiques, ou les quelques arbres qui survivent dans un peuplement dépérissant, par exemple de chêne pédonculé, peuvent être des éléments de progrès et nous permettre la mise en place des forêts plus fortes et plus résistantes aux nouvelles conditions qui s’installent progressivement.
Quand une maison est en feu, on ne regarde pas si l’extincteur est homologué. C’est pourquoi il devient urgent de réfléchir à de nouveaux systèmes de récolte de matériels forestiers, avec des règles d’homologation des peuplements producteurs assouplies et élargies. C’est un gage d’efficacité future pour des forêts variées et en bonne santé. Une loi forestière devrait voir le jour prochainement. Il serait bon qu’elle intègre un volet sur ce sujet.
Photos : Cyril Vitu - CRPF