Août 2013
Floréal N°93 - Juin 2013
Le douglas a la cote parmi les propriétaires forestiers qui reboisent. Grâce à sa croissance remarquable et à son bois de haute qualité, il s'est peu à peu imposé comme seconde essence de reboisement en France, derrière le pin maritime et devant l'épicéa. Mais quel itinéraire sylvicole choisir ? Cette question a été au coeur des débats lors de la réunion Rencontrons-nous qui s'est déroulée le 22 mars dernier dans la vallée de la Bruche (Bas-Rhin). Retour sur quelques informations clés.
Originaire de la côte Ouest de l'Amérique du Nord, le douglas a été introduit en France au milieu du 19ème siècle. A partir des années 1960, époque des grands reboisements du Fonds Forestier National, il a été planté massivement dans le Massif Central et le Morvan. Aujourd'hui, le douglas couvre 420.000 ha en France, premier pays européen producteur de cette essence, et sa surface continue à s'accroître de 5 à 6.000 ha par an.
Le douglas demande une pluviosité annuelle supérieure à 750 mm, dont au moins 250 mm pendant les trois mois d'été. S'il résiste mieux que l'épicéa à une sécheresse estivale, l'été 2003 a toutefois montré ses limites en la matière. Les dépérissements apparus à la suite de cet événement climatique -certes exceptionnel mais amené à se produire plus fréquemment en raison du réchauffement de la planète- ont rappelé aux forestiers la nécessité de bien réfléchir l'implantation de cette essence. Le douglas préfère ainsi les sols profonds, filtrants, frais et légèrement acides. Il ne supporte ni les terrains compacts ou mouilleux, ni les sols trop superficiels, ni la présence de calcaire.
Telle est la question que se pose Nicolas Bernhart, propriétaire de la forêt du Mollberg, devant sa parcelle de douglas, premier arrêt de l'après-midi. Planté en 1976 par son père à 1.330 plants par ha, ce peuplement a été dépressé à 12 ans et un élagage sur 6 m a été réalisé sur 330 tiges/ha. Deux éclaircies plus tard, le peuplement compte aujourd'hui 550 tiges/ha et les dominants atteignent 36 cm de diamètre pour une hauteur de 27,5 m. Deux options se présentent aujourd'hui : réaliser encore deux ou trois éclaircies espacées de 5 ans pour récolter le peuplement vers 50-55 ans et 45 cm de diamètre, ou s'engager dans une production de très gros bois (diamètre > 70 cm) sur un cycle de 80 ans et plus.
L'itinéraire court (en théorie d'une durée de 40-45 ans, dans la pratique plutôt de 50 à 55 ans) permet un retour sur investissement plus rapide et limite la prise de risque liée aux aléas climatiques. Mais le propriétaire se prive alors d'une partie importante de la productivité du douglas.
Ce dernier atteint un volume de 1 m3 en 35 à 40 ans, puis produit 1 m3 supplémentaire tous les 10 ans! Et cette capacité de production se maintient jusqu'à 75 ans. A cela s'ajoute que la durabilité et les qualités technologiques du bois s'améliorent avec l'âge. La proportion de duramen, bois de coeur qui peut être utilisé en extérieur sans traitement, passe de 50 % à 40 ans, à 70 % à 60 ans. La résistance mécanique du douglas augmente également avec l'âge. Autre argument en faveur d'un itinéraire long avec une récolte au-delà de 70 ans : la préservation de la fertilité des sols. Des révolutions courtes risquent à terme d'appauvrir les sols.
A l'échelle d'une forêt comme celle du Mollberg, il peut être judicieux de combiner les deux itinéraires : un cycle court pour les peuplements sur les moins bonnes stations et production de gros bois de qualité sur les meilleurs sols.
Si l'essentiel des peuplements existant aujourd'hui en forêt privée est issu de plantation, le douglas se régénère aussi très bien par voie naturelle, comme le montre une parcelle visitée dans le bois de Molsheim, situé sur la commune d'Urmatt. Le peuplement actuel d'environ 37 ans, presque pur en douglas, provient de la mise en régénération d'un peuplement mélangé de pin sylvestre, douglas et épicéa en 1976. Le douglas produit des graines fertiles en quantité importante à partir de 40 ans. Les bonnes fructifications ont lieu tous les 5 à 7 ans. Très légères, ses graines se disséminent loin. Pour obtenir une belle brosse de semis, tout est une question de dosage de la lumière. Un éclairement diffus est favorable car il limite le développement de la végétation concurrente. Il a été montré que la régénération apparaît dans les peuplements dont la hauteur dominante dépasse 30 m et pour une surface terrière comprise entre 25 et 45 m2/ha.
Pour finir cette journée, les participants ont admiré les douglas de l'Allée des géants, eux aussi situés en forêt communale de Molsheim. Plantés en 1899 sur des sols profonds et bien alimentés en eau, ces colosses dépassent aujourd'hui largement 50 m de hauteur, pour un diamètre avoisinant le mètre ! Preuve que cet exotique s'est bien acclimaté chez nous et peut atteindre une productivité exceptionnelle sur les bonnes stations.
Pour en savoir plus :"Quand récolter vos douglas ?" - brochure réalisée par le CRPF de Bourgogne, téléchargeable sur leur site internet foret-de-bourgogne.fr, onglet documentation.
Maren Baumeister - CRPF
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