Gestion, réglementation et administration
Janvier 2017
FRANCE 2 a diffusé au journal de 20 heures le lundi 14 novembre un bref reportage sur la forêt française. Un peu trop orienté vers le résineux, mais bien fait. La conclusion était claire : la forêt française n'est pas en péril, mais le bois de qualité, oui ! En cause, le prix de vente du bois par rapport au coût du reboisement. Le forestier interviewé indiquait avoir vendu sa coupe 18.000 €uros, et avoir un devis de replantation de 22.000 €uros (c'était en montagne). Donc, il n'allait pas replanter.
Nous avons un début de réponse avec la récente intervention de Stéphane Le Foll au Palais du Luxembourg : le ministre a annoncé que le fonds stratégique de la forêt et du bois serait porté à 28 millions d'€uros. Ces moyens supplémentaires sur le budget du ministère doivent servir de levier pour atteindre, avec les autres financeurs (Europe, Régions, fonds privés, Banque Publique d'Investissement, Banque Européenne d'Investissement...), la cible de 100 millions d'€uros annoncés par le même ministre pour l'ensemble de la filière. Encore faut-il que ce ne soient pas des fonds pris dans une caisse forestière pour être versés dans une autre. Wait and see !
Ce que ne disait pas l'émission télévisée en question, c'est ce qu'explique un sylviculteur meusien au sénateur Leroy :
"Je suis gérant d'un groupement forestier dans le Barrois. Dans une de nos forêts, située à Triconville et soumise à PSG, nous avons, il y a 3 ans, réalisé une coupe blanche d'une parcelle de 3 ha de pins plantés en 1935.
En 2003 dans une parcelle voisine, suite à la tempête de 1999, nous avons fait une plantation de merisier qui a été détruite en grande partie par les cerfs très abondants dans ce massif.
Mon PSG me dit que je dois replanter l'ancienne parcelle de résineux précédemment coupée, alors que je sais très bien que cette future plantation n'a aucune chance de réussir !
Que dois-je faire ? Obéir à mon PSG et dépenser de l'argent à fonds perdu ou ne rien faire, espérant une hypothétique régénération naturelle ?
Monsieur le Sénateur, vous savez très bien que la raison pour laquelle on ne plante plus, est le problème du cerf en grande abondance, problème que nos parents ignoraient."
Autant le sujet du prix du bois est complexe, autant celui des dégâts de gibier devrait être simple : il suffit que les Directions Départementales du Territoire (DDT) et les Préfets s'en soucient, et augmentent les plans de tir. Encore faut-il les en convaincre.
C'est l'automne et la chasse a commencé. Pour nous, forestiers, c'est le moment de veiller à l'application du plan de chasse et de penser au prochain qui se prépare à partir d'avril 2017. Donc, rencontrez vos chasseurs pour vous assurer qu'ils tirent et tirent bien ; relevez les dégâts de gibier si vous voulez augmenter le nombre de bagues. N'oubliez pas l'arrêt de la Cour Administrative d'Appel de Nancy ! Nous serons entendus sur les dégâts de gibier quand nous serons capables d'en démontrer l'impact sur l'équilibre économique de nos exploitations.
Tout le monde nous indique que l'avenir et le progrès passent par la formation. En tant que professionnels, nous devrions cotiser à un fonds de formation professionnelle, un certain pourcentage de notre masse salariale. Mais comme, pour la plupart, nous ne sommes pas nous-mêmes salariés de nos exploitations forestières et n'employons pas de salariés, nous ne cotisons pas. Nous n'avons donc accès à aucun fonds de formation pour financer notre formation et pas de compte personnel de formation. Restent les budgets du ministère de l'agriculture (Fogefor), du CRPF ("Rencontrons-nous", Cetef, quand ils existent) et quelques autres dispositifs de qualité peu accessibles au forestier de base (IDF, Pro Silva,...).
Tout ceci est notoirement insuffisant. Je me suis donc renseigné sur la disponibilité de fonds régionaux pour financer la formation d'élus forestiers et de forestiers privés dans le pays barrois. La réponse est que, à ce jour, il n'y a rien. Le conseil régional et, à sa suite, le Feader abondent les actions du CRPF et de la fédération des communes forestières et n'interviennent pas autrement. Les élus régionaux annoncent être très attentifs à ce sujet et aux propositions qui seront faites au cours de la préparation du Programme Régional Forêt-Bois (PRFB). Nous avons donc là un enjeu majeur pour faire plus et mieux qu'aujourd'hui.
J'ai vu en Finlande les forestiers aller se former professionnellement au lycée près de leur domicile, en cours du soir ou le samedi, jusqu'à pouvoir passer des diplômes. Pourquoi ne pas mettre en place quelque chose de semblable en France à partir de nos lycées agricoles ou autres établissements compétents ? Nous devons faire des propositions en ce sens au Conseil Régional du Grand Est.
Un dernier mot : l'an prochain, c'est 2017.
L'article L 351-2 du Code forestier dispose que "Pour les tempêtes intervenant à compter du 1er janvier 2017, les surfaces forestières considérées comme assurables contre le risque de tempête... ne peuvent plus faire l'objet d'une prise en charge de l'Etat en matière de nettoyage et reconstitution des peuplements forestiers". La disposition qui concerne à peu près toutes les professions, selon laquelle la solidarité de l'Etat, en cas d'accident climatique, ne se manifeste que si l'on a d'abord pris la peine de s'assurer, touche maintenant également les forestiers.
La fédération FRANSYLVA a mis en place, avec le courtier Verspieren et l'assureur Lloyds, une assurance dommages plus souple et moins chère que tout ce qui existait auparavant sur le marché. Pensez à prendre cette assurance dommages, et adressez-vous pour cela à votre syndicat !
François Godinot
Président de Forestiers Privés de la Meuse
MEURTHE-ET-MOSELLE : 03 83 90 10 70 - syndicat-54@foretpriveefrancaise.com
MEUSE : 03 83 90 10 70 - syndicat-55@foretpriveefrancaise.com
MOSELLE : 03 87 66 12 30 - accueil@moselle.chambagri.fr
VOSGES (permanence le jeudi après-midi) : 03 29 82 11 42 - contactforestier@laposte.net
ALSACE : 03 88 19 55 50 - syndicat-alsace@foretpriveefrancaise.com
REMONTER EN HAUT DE PAGE
Besoin
d’un avis,
d’un conseil ?