Une nouvelle réglementation sur l'usage des produits
phytopharmaceutiques est aujourd'hui en application, avec
la nécessité d'un certificat appelé Certiphyto, pour toutes les
personnes concernées de près ou de loin, et les propriétaires
forestiers le sont à plus d'un titre. Ils se doivent d'être informés et
vigilants sur ce sujet.
Une nouvelle réglementation sur l'usage des produits phytopharmaceutiques est aujourd'hui en application, avec la nécessité d'un certificat appelé Certiphyto, pour toutes les personnes concernées de près ou de loin, et les propriétaires forestiers le sont à plus d'un titre. Ils se doivent d'être informés et vigilants sur ce sujet.
Vous avez tous entendu parler du Grenelle de l'environnement mais, avez-vous en tête une conséquence concrète de ce grand remue méninges ? Et bien Certiphyto en est une au travers de l'engagement n° 129 qui prévoit "l'objectif de réduire de moitié l'utilisation des pesticides en accélérant la diffusion des méthodes alternatives et sous réserve de leur mise au point". Ce texte vise à réduire et améliorer l'utilisation des produits phytopharmaceutiques (insecticides, herbicides, fongicides,…). Ceci se traduit par une limitation du nombre de produits utilisables, le développement de méthodes alternatives, la formation du public concerné (utilisateurs, vendeurs, conseillers).
Comment ne pas utiliser les produits phytopharmaceutiques ?
Dans un premier temps, rappelons que les problèmes sanitaires pourraient être évités en appliquant certaines règles de bons sens des forestiers.
Tout d'abord, on ne le répétera jamais assez : adaptez les essences aux stations et soyez attentif aux régions de provenance en cas de plantation. En effet, pourquoi s'étonner d'une attaque de rouille suisse sur douglas dans une combe froide et humide ? Est-il raisonnable d'installer des sapins sur un versant sud sec et filtrant ? De même faut-il s'étonner que le mélèze de provenance alpine installé en plaine devienne sensible au chancre en présence d'humidité ? etc...
Pour la santé des peuplements, favorisez le mélange d'essences. Les scientifiques découvrent sans cesse de nouvelles interactions favorables entre essences. Ainsi, le pin sylvestre est indispensable au développement du clairon fourmilier, insecte régulateur naturel des populations de scolytes de l'épicéa. Autre exemple, les papillons se repèrent aux silhouettes des arbres lors de leur envol de ponte, le mélange d'essences perturbe ce repérage.
Adoptez une sylviculture adéquate et réalisez toutes les opérations dans les règles de l'art : quelle sera la résistance de plants au système racinaire tassé en chignon ? Comment se développeront des douglas/ mélèzes/pins comprimés dans une végétation concurrente ? Comment s'étonner du dépérissement de peuplements sur sols sensibles parcourus en tout sens par les engins de débardage ?
Après ces mesures préventives, des méthodes alternatives sont utilisables pour résoudre certaines situations de blocage, notamment dans la lutte contre la végétation concurrente.
On peut ainsi se tourner vers la mécanisation "légère" pour détruire les graminées, la fougère, la callune, la ronce, la clématite (cf. FLOREAL n° 86). D'autres techniques sont à l'étude : paillages, interventions manuelles, brûlage dirigé, pâturage contrôlé et plantes couvre-sol.
Il est important de bien connaître l’ensemble des méthodes disponibles et, pour chacune son mode d’action et ses effets pour pouvoir choisir la solution la mieux adaptée au contexte de gestion.
Quand la lutte chimique est indispensable
Dans nos régions, dans un certain nombre de cas limités, l'usage des produits phytopharmaceutiques est encore nécessaire :
- Au printemps, pour protéger les bois abattus résineux de la piqûre, problème qui concerne surtout les acheteurs de bois
- Lors des pullulations de chenilles défoliatrices urticantes, des traitements, généralement de grande ampleur, peuvent être décidés par les autorités.
Les propriétaires sont plus directement concernés par :
- Les attaques d'hylobe qui peuvent détruire fortement les jeunes plantations résineuses.
- La lutte contre le fomes (pourriture des billes de pied sur épicéa principalement) pour laquelle une nouvelle technique est aujourd'hui possible en utilisant un champignon antagoniste du fomes. Ce nouveau produit, le ROTSTOP, doit être appliqué sur les souches aussi bien en éclaircie qu'en coupe définitive si l'on souhaite à nouveau cultiver des résineux.
- Les répulsifs contre le gibier, quelqu'ils soient. Certaines formulations semblent "naturelles" comme par exemple la graisse de mouton, mais sont également soumises à cette nouvelle réglementation.
- Un certain nombre d'herbicides lorsque les mesures alternatives ne peuvent être mises en place. On peut citer le cas d'un tapis de graminées qui bloque toute régénération naturelle, ou encore le cas de l'envahissement d'une plantation par la fougère.
Tous ces produits font l'objet d'une autorisation de mise sur le marché pour un usage très précis. Il convient donc de s'informer en temps réel des produits utilisables pour chaque objectif.
Certiphyto : un certificat pour l'utilisation des produits phytopharmaceutiques
Le Certiphyto est un certificat individuel professionnel. Il garantit que les professionnels de l’application et de la distribution des produits phytopharmaceutiques sont formés à la réduction et à la sécurisation des pesticides.
Pour l’instant, depuis le 1er janvier 2011, les utilisateurs souhaitant se procurer des produits doivent justifier auprès des distributeurs de la qualité professionnelle de leur activité. Pour les propriétaires forestiers, il faut donner la référence d’un document officiel de gestion durable (PSG,RTG,CBPS) ou un numéro de SIREN.
A compter du 1er novembre 2015, tous les utilisateurs professionnels exerçant à titre salarié ou pour leur propre compte devront avoir obtenu un certificat. Pour l’utilisation en exploitation agricole (y compris sur une propriété forestière), il existe deux certificats : décideur et opérateur.
Le certificat "décideur en exploitation agricole" permet d’acheter, d’utiliser les produits professionnels et d’organiser cette utilisation pour son propre compte.
Le certificat "opérateur en exploitation agricole" permet d’utiliser les produits en suivant les consignes données.
En l’absence de certificat, les utilisateurs pourront se procurer des produits avec mention "autorisé dans les jardins", ou faire appel à un prestataire agréé.
Il existe également un certificat pour les activités de conseils à l'utilisation, à la vente des produits : l'ensemble de ces agréments conduisent à la création de 9 Certiphyto.
En résumé, un propriétaire forestier devra être détenteur du Certiphyto pour pouvoir se procurer les produits phytopharmaceutiques et les utiliser pour sa forêt. A défaut, seules les spécialités avec mention "autorisé dans les jardins", pourront être acquises et employées.
Sans ce certificat, le propriétaire pourra toujours mandater une entreprise agréée pour réaliser les traitements chimiques nécessaires.
Catherine Négrignat, Jacques Laplanche - CRPF